Yvan Loiseau est un artiste touche-à-tout, comédien, photographe et poète, et ce qui l’inspire le plus ce sont les rencontres autour d’un bon repas. Car bien manger, en bonne compagnie, c’est bien connu : ça rend heureux ! Et comme, plus on est de fous, plus on rit, il propose de battre le record de la plus grande table du monde le 18 septembre prochain en Seine-Saint-Denis. Alors, tout le monde à table ?

Qui êtes-vous et qu’est-ce qui vous nourrit ? 

Je viens du Gard et j’ai grandi dans une famille où l’on cuisine beaucoup. Je suis artiste pluri-disciplinaire, comédien de formation, photojournaliste pendant quelques années. J’ai aussi publié plusieurs recueils de poésie et organisé différentes performances dans l’espace public. J’essaie de créer des œuvres qui permettent aux gens de se rencontrer et d’aller contre tous les a priori négatifs ! 

Depuis 2019, mon travail se précise autour des rencontres par la cuisine. Pendant trois mois, j’ai proposé à tous les gens que je croisais dans la rue, de venir cuisiner chez eux contre un coin de canapé. Surpris et amusés, 37 foyers m’ont accueilli, j’ai cuisiné aussi bien du risotto, des sushis que des moussaka, et j’ai fait des rencontres incroyables ! Manger ensemble permet de tisser des liens authentiques.

Qu’est-ce que vous mijotez actuellement ?

Une grande fête de retrouvailles multiculturelles en Seine-Saint-Denis ! Nous proposons à toutes celles et ceux qui le souhaitent, de venir dresser le couvert de la plus grande table du monde – record aujourd’hui détenu par de sombres industriels en Égypte – le 18 septembre prochain, pour rencontrer les habitants et ouvrir la frontière entre Paris et la Seine-Saint-Denis. Nous installerons 3,3 kilomètres de tables entre la Mairie de Saint-Denis et celle de Saint-Ouen, dans le but d’accueillir 10 000 convives et d’entrer ainsi dans le Guinness des records. 160 nationalités autour d’une table, c’est un beau message de paix, non ? Chacun pourra venir avec son assiette et des plats à partager, certains cuisineront de bons légumes bio sur place et il y aura des animations et des ateliers de sensibilisation avec des associations locales. 

Pourquoi ce grand banquet collectif ?

Nous souhaitons lutter contre la précarité et l’isolement par l’hospitalité. C’est un contrepied à l’époque que nous traversons, une folle envie de se retrouver, de continuer à vivre, de donner du sens à nos vies, pour toutes les générations. Être en bonne compagnie avec de bonnes choses à manger, ça rend plus heureux ! L’effet est radical, on pense moins à ses problèmes, on peut en discuter et trouver des solutions avec les autres. Ces grandes tablées sont des journées où l’on rit et où il y a beaucoup de spontanéité, ce qui fait du bien au moral. Il y a de nombreux séniors chefs, qui sortent de leur isolement pour partager leurs recettes de famille et, ainsi vivre leur retraite dans la joie et la fête !

Qu’attendez-vous de l’accompagnement de l’Assurance retraite Île-de-France et AG2R La Mondiale ?

Au-delà de l’aide financière nécessaire à la tenue du projet, cet accompagnement est un véritable partenariat. La CNAV et AG2R vont nous mettre en relation avec les centres sociaux de Seine-Saint-Denis et de Paris, et nous aider à toucher le public sénior, qui représente près de la moitié des participants à nos ateliers de cuisine. Puis ces deux organismes vont pouvoir compléter notre projet, en proposant leurs propres ateliers de sensibilisation. 

Quelles sont les prochaines étapes de ce record à battre ?

Les ateliers viennent de reprendre et vont se poursuivre jusqu’à l’été, avec huit tables géantes dans huit quartiers différents, du XVIème arrondissement de Paris à Bobigny. Nous souhaitons mobiliser les habitants et les associations, pour qu’ils viennent participer à la plus grande table du monde prévue le dimanche 18 septembre en Seine-Saint-Denis, pour battre ensemble un record d’humanité !

Ensuite, j’aimerais me reposer ! Et voir d’autres personnes, d’autres villes et villages s’emparer du concept. Tout le monde peut organiser un grand banquet dans son quartier, en s’appuyant sur les associations locales et les habitants, et ainsi redonner du sens à l’action collective.

Bon, et dans tout ça, qui fait la vaisselle ? 

Tout le monde ! La vaisselle est faite collectivement dans de grands bacs, en papotant ou en chantant. Nous essayons d’avoir une démarche la plus écologique possible, en utilisant des assiettes en dur récupérées chez Emmaüs, pour limiter l’usage du plastique à usage unique et sensibiliser sur la réduction des déchets.

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