On se retrouve à la cantine ? Stéphanie, Vincent et Hélène nous font découvrir l’arrière-cuisine des Petites Cantines, un réseau solidaire de cantines de quartier, où les habitants de tous horizons cuisinent ensemble et partagent de bons repas à prix libre, pour lutter contre la solitude par la convivialité. 

Qui a concocté Les Petites Cantines ?

Le projet des Petites Cantines a été fondé en 2016 par Diane Dupré la Tour et Etienne Thouvenot, avec l’ouverture d’une première cantine participative à Vaise, un quartier populaire de Lyon. L’idée est de monter des cantines de quartier où les convives s’accueillent et se rencontrent au travers de repas durables, participatifs et à prix libre. Les Petites Cantines essaiment aujourd’hui dans de nombreuses villes de France, portées par des entrepreneurs sociaux aux profils variés. Il y a déjà neuf Petites Cantines ouvertes en France, à Lyon, Annecy, Lille, Strasbourg, Oullins et Paris, et dix en construction. Nous, on est en phase de construction de nos Petites Cantines près de Paris.

Vous venez du monde de la restauration ?

Pas vraiment et c’est toute une diversité de profils qu’on retrouve dans les Petites Cantines : ancienne sage-femme, design manager, médiatrice scolaire, producteur de film, responsable projet dans l’industrie, etc. En revanche, nous sommes toutes et tous motivés pour remettre du sens et de la confiance dans la vie collective de nos quartiers. Nous sommes accompagnés par le réseau Les Petites Cantines, mais chaque établissement prend le goût et les couleurs de son quartier. 

Quand est-ce qu’on pourra s’inviter dans votre petite cantine ? 

Nous sommes en phase de construction de nos Petites Cantines à Antony, Sartrouville et aux Lilas. Nous espérons avoir trouvé des locaux dans les mois qui viennent, pour faire les travaux et ouvrir à la fin de l’année ou début 2023. En attendant, nous rencontrons différents acteurs locaux, pour présenter notre projet et les mobiliser autour d’événements éphémères, qui donnent un avant-goût de ce que sera notre cantine de quartier. 

Le prix des matières premières – approvisionnement en circuit-court et si possible bio – est communiqué en toute transparence et chacun donne ce qu’il peut en fonction de ses moyens.

Quels sont les ingrédients du succès des Petites Cantines ?

Les Petites Cantines, c’est un réseau de cantines de quartier, gérées chacune par une association locale. Orchestrés par le ou la Responsable de cantine, les convives cuisinent et se rencontrent autour de repas durables, participatifs et à prix libre. Couper du pain, passer les plats, faire la vaisselle, proposer un menu ou réparer le mixeur : chacun participe comme il le souhaite, dans la joie et la bonne humeur ! 

Pourquoi cuisiner ensemble ?

Parce que ça permet de développer des liens de qualité, intergénérationnels et de proximité, et de s’alimenter correctement. En effet, de nombreuses personnes, âgées ou non, sont dans une telle solitude qu’elles ne se sentent plus capables de se faire à manger, et perdent rapidement en autonomie. En faisant ensemble, elles reprennent confiance en elles et dans les autres, se sentent utiles et redécouvrent comment avoir une alimentation saine et durable. De plus, la mixité d’accueil des Petites Cantines est fondamentale. Éplucher les carottes ensemble permet de faire tomber de nombreux préjugés, entre voisins aux parcours de vie différents. Nous cuisinons ainsi une société basée sur la confiance !

Pourquoi avoir sollicité le soutien de l’Assurance retraite Île-de-France et AG2R La Mondiale ?

L’accompagnement financier est fondamental pour la création d’une Petite Cantine. Chaque association à but non lucratif est autonome pour trouver un lieu adapté à loyer modéré (et chacune fait appel à des mécènes publics ou privés pour financer les travaux d’aménagement), ce qui n’est pas facile en Île-de-France, et équiper sa cuisine et sa salle. À noter qu’à l’ouverture, chaque cantine vise l’équilibre économique afin de ne pas dépendre uniquement de subventions.

De plus, la Cnav et AG2R La Mondiale sont des réseaux expérimentés, qui ont une connaissance fine du public sénior. Nous comptons sur eux pour être prescripteurs des Petites Cantines auprès des personnes dans le besoin, et pour nous aider à aller chercher ce public là où il se trouve et le sensibiliser sans le brusquer. 

Quelle est selon vous  la recette d’une retraite heureuse ?

Pour bien vivre sa retraite, il y a d’abord un enjeu de santé. En cuisinant des bons produits et des repas équilibrés, on soigne son organisme. De plus, les goûts stimulent les sens et la créativité, ce qui contribue au maintien en forme. Mais encore faut-il s’en sentir capable ! Cette autonomie est la deuxième clé, et, selon nous, elle découle d’une confiance retrouvée par le  “faire ensemble”. Comme lors d’un grand repas de famille, les différentes générations échangent, certains parlent plus, d’autres moins, en toute simplicité. Cette dynamique physique et intellectuelle est un véritable élixir de jouvence. On est dans le plaisir, et celà contribue au bien-être général ! 

Récemment à la petite cantine de Lille, une dame nous a dit “je suis allée chez le toubib’, il m’a prescrit un antidépresseur… il aurait mieux fait de me prescrire un mois de petites cantines ! »

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