Et si l’indépendance était le secret pour garder la pêche ? C’est ce qu’ont compris ces trois projets du bien vieillir, accompagnés par l’Assurance Retraite Ile-de-France, qui redonnent les clés de l’autonomie à nos aînés.

Clic & moi, transformer papi et mamie en génies de la technologie

Difficile aujourd’hui d’imaginer mener son quotidien sans avoir recours au digital. On paie son loyer via une banque en ligne, on prend rendez-vous avec un médecin sur DoctoLib et bientôt on montrera sa carte vitale directement sur l’écran de son smartphone. On scanne, on clique, on tape, on re-clique. 

Face à cela, des millions de seniors sont démunis. Parmi les 13 millions de Français touchés par l’illectronisme, c’est-à-dire l’incapacité à utiliser des outils informatiques, ce sont 8 millions de seniors qui se sentent “dépassés”. Un véritable problème lorsqu’on connaît l’importance des outils digitaux, toujours plus nombreux et indispensables. 

Alors que la numérisation met à mal l’inclusion des seniors, une autre crise touche la tranche d’âge opposée : en France, 1.2 millions d’étudiants sont en situation de difficulté financière. Il suffit de se remémorer les files d’attente devant les banques alimentaires ces dernières années pour visualiser cette jeunesse en détresse. 

On clique à deux mains ?

Face à ce double constat, Aaron Teboul décide de lancer Clic & Moi, une association qui propose aux seniors des formations au numérique dispensées par des juniors. D’abord au contact direct des personnes âgées, Clic & Moi s’est ensuite développé en partenariat avec des organisations conscientes de la difficulté de leurs bénéficiaires plus âgés à maîtriser leurs outils. Parmi eux, on retrouve KLESIA, Malakoff Humanis, SFR. “Après la période de pandémie, l’inclusion numérique concerne autant les entreprises privées que les administrations” confirme Aaron Teboul. 

Pour apprendre à manier son écran sans passer un mauvais moment, rien de tel que des ateliers collectifs, directement dans les succursales partenaires. Non seulement ils donnent les clés du numérique, mais ils luttent contre l’isolement social des aînés. Un double objectif soutenu par l’Assurance Retraite Ile-de-France pour développer cette initiative dans la région. “Notre objectif est de créer entre le sénior et l’étudiant une relation intergénérationnelle de qualité et durable autour de formations et […] devenir la référence de l’inclusion numérique en France pour que nos papis et mamies ne se retrouvent plus sur le bord de la route dans cette transition digitale”.

Grâce au soutien de l’Assurance Retraite Ile-de-France, Clic & moi accompagne aussi les aînés à l’achat d’un nouveau matériel informatique. Que choisir entre une tablette ou un ordinateur ? Quand changer son imprimante ? Quel smartphone correspond le mieux à ses besoins et à son budget ? Des interrogations auxquelles il est difficile de répondre lorsqu’on est seul face au rayon numérique. Par la suite, les étudiants les accompagnent dans la prise en main du matériel.    

Depuis 2015, on compte 10 000 seniors formés et près de 1000 étudiants embauchés par Clic & Moi, et ça ne fait que commencer. Bientôt papi et mami qui scrollent sur tiktok avec le nouveau smartphone ? Tout est possible.

La Conciergerie Solidaire Séniors et Aidants, bricoler pour plus de solidarité

Changer une ampoule, porter des canapés aux encombrants, livrer des produits en vélo, la Conciergerie Solidaire propose toutes sortes de services que l’on pourrait habituellement demander à son voisin, son coloc ou sa petite-fille. Seulement, les personnes isolées, et notamment les aînés, n’ont parfois pas ce réseau d’entraide autour d’elles. La solution : faire appel à un service dédié pour donner ce coup de main dont ils ont besoin !

La Conciergerie Solidaire a fait le pari de transformer le service de conciergerie, dont l’image est plutôt associée à une classe sociale aisée, en un véhicule d’insertion et d’entraide solidaire. Comment ? Par l’embauche de personnes éloignées de l’emploi pour des raisons variées, et en proposant une assistance du quotidien aux personnes qui en ont besoin.

Depuis la création de la première conciergerie solidaire à Bordeaux en 2010, ce sont 51 concierges qui ont été embauchés dans près de 12 villes en France. 

Se rendre accessible à tous

C’est en 2022 que tout a commencé. Le plus vieil affilié du réseau, l’association Initiative Emploi, a décidé de sortir les conciergeries des entreprises pour venir en aide aux personnes âgées et aidantes directement dans leur lieu de vie. 

Pensés avec un service d’auxiliaire de vie à domicile et un cabinet de conseil, les “coups de pouce” ont commencé à se répandre et les conciergeries se sont multipliées pour apporter des services de bricolage, désencombrement et livraison aux personnes âgées. 

Depuis l’année dernière, l’Assurance Retraite Ile-de-France apporte son soutien dans le développement de la Conciergerie Solidaire Séniors et Aidants itinérante, à Châtillon (92). Objectif : porter une assistance particulière aux aînés isolés en leur proposant une aide à domicile innovante et facile d’accès. Cette solution permet également de soulager les aidants dans leur travail quotidien.

Depuis son lancement, plus de 60 personnes vivant à domicile ont utilisé les services de cette conciergerie itinérante, et plus de 140 en résidence autonomie. Seul critère pour en bénéficier : avoir plus de 60 ans. Plus qu’une aide à domicile, cette conciergerie vise à devenir une vraie fabrique de solutions et dialogues autour du bien vieillir. 

Le petit plus

Conscients de la nécessité de changer nos habitudes de consommation, la Conciergerie Solidaire a également pensé le service comme une solution locale et durable. Les produits et services proposés sont basés sur une offre de proximité, le vélo, la marche ou les véhicules électriques sont préconisés et les produits frais issus d’une agriculture raisonnée / bio. On signe où ? 

Silvers At Home, la plateforme immobilière des seniors

Trouver un logement, c’est la galère. Trouver un logement abordable, accessible et aménagé  pour les personnes à mobilité réduite, c’est l’enfer. C’est en cherchant un appartement compatible pour sa mère parisienne retraitée que Nadia Elouarghi-Vegas s’est rendue compte du manque de visibilité d’offres d’appartements aménagés et accessibles. De ce constat est né SilversAtHome, la plateforme de l’habitat pour les seniors.

Active depuis 18 ans dans le monde de l’immobilier à Paris, Nadia est familière avec la recherche de biens, lofts, et logements compatibles au moment du passage à la retraite. C’est pour ses clients retraités  que le processus se révélait particulièrement laborieux. Alors, Nadia a pris les choses en main et créé SilversAtHome, pour offrir une solution aux 15 millions de seniors, 12 millions de personnes en situation de handicap et les 11 millions d’aidants en France, confrontés aux mêmes difficultés et problématiques que sa mère et ses clients retraités.

La plateforme propose un accompagnement dans la recherche d’un logement compatible avec les besoins des personnes âgées. Si on ne trouve pas son bien idéal dans le répertoire de la plateforme, les clients peuvent bénéficier d’un service d’accompagnement personnalisé. Dans un premier temps, l’équipe de SilversAtHome détermine s’il y a besoin d’un nouveau logement ou s’il suffit juste de l’aménager avec un bouquet de services. Puis, le client ou son aidant est accompagné dans sa recherche de maison ou appartement jusqu’à l’installation clé en main.

Pour évaluer les logements, SilversAtHome a mis en place un référentiel, le “MOBI-SCORE”®”, basé sur les 3 A : l’accessibilité de l’immeuble, l’attractivité du quartier et l’aménagement du logement. La CNAV apporte son soutien à SilversAtHome pour appuyer cette démarche d’accompagnement et  développer son service dans les 13e et 16e arrondissements de Paris.

L’objectif est surtout de permettre aux aînés de conserver le plus longtemps possible leur indépendance en préservant leur capacité de mouvement et de vie à l’extérieur et à l’intérieur de leur logement. Le quartier est également un critère déterminant pour préserver la mobilité et éviter des situations d’isolement. “Sans commerce en bas de chez soi, on accélère la perte d’autonomie et la perte du lien social”. Avoir un logement compatible permet aussi de réduire les accidents. Aujourd’hui, 2 millions de chutes par an causent 500k hospitalisations et 12k décès chez les plus de 60 ans chaque année. 

Nadia, quant à elle, affirme qu’elle a déjà son plan pour la retraite : emménager avec ses vieilles copines parisiennes dans un logement compatible (terme qu’elle privilégie à “adapté”) à Nice, au sein d’apparts contemporains et fonctionnels dans un immeuble entouré de services partagés. Le rêve, non ?

“Évolution des mobilités résidentielles, digitalisation de la société, éloignement des familles, besoin de services de proximité : les lignes d’organisation de la société sont en constante mutation. Notre rôle à l’Assurance retraite est d’accompagner cette mutation en soutenant les nouvelles offres répondant à ces nouveaux besoins.”

Estelle Mayart, CNAV.

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